Réaliser un 1er «INSHORE GRAND SLAM » (challenge reconnu internationalement) et surtout ici en Guadeloupe, est une expérience inoubliable dans la vie d’un pécheur, mais renouveler l’exploit est extraordinaire !
2 ans après le 1er, je valide le 2ème GRAND SLAM de ma vie, ce n’est donc pas peu dire si en cette belle journée ensoleillée mon émotion était à son comble !!
La Guadeloupe, malgré un terrain de jeu formidable, reste une île difficile à pêcher… C’est pourquoi de nombreux aficionados de la pêche à la mouche sur les flats, y compris des professionnels en la matière, ont tenté leur chance sans pour autant arriver à leurs fins.
En effet, il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir capturer un permit, un bonefish et un tarpon, en une seule et même journée et encore moins du bord, à pied. Il est important de comprendre que l’approche de ces 3 espèces est spécifique à chacune d’elle. Devenir, en tant que pêcheur sportif, spécialiste sur une seule de ces espèces n’est déjà pas facile et il m’aura fallu accumuler les connaissances sur celles-ci et apprendre principalement seul, afin de me spécialiser sur ces dernières. Mais je dois avouer que l’expérience à acquérir en ce qui concerne la pêche du permit reste ici longue et fastidieuse…
Mais si j’ai l’honneur de faire partie de ces chanceux, c’est que durant ces 10 dernières années de pêche et d’observation en Guadeloupe, j’ai appris que seuls la passion, la détermination et le temps passé sur l’eau, permettent de relever ce type de défi.
Voici le récit d’une journée pas comme les autres :
Une journée habituelle de pêche sur les flats de Guadeloupe se préparait. Seul à pieds avec mon sac à dos dans ce paysage tropical de rêve, j’étais prêt à en découdre avec les poissons de sport côtier parmi les plus farouches et combatifs de la planète !
J’entame la prospection.
Après quelques minutes passées sur un flat que je connais comme ma poche, je perçois soudain quelques mouvements d’eau se différenciant des autres. Il me faut toute mon attention et mon expérience pour arriver à distinguer un mouvement dû à un élément du fond, de celui d’un poisson. Là, seuls les amateurs de « pêche à vue à pieds sur les flats » de se type de substrat comprendront vraiment de quoi je parle.
Le vent est soutenu et la mer agitée. Je lance le plus rapidement possible, il faut que ma mouche arrive à bonne distance en 2 ou 3 faux lancers seulement. J’exécute un posé parfait, je strippe, et là un « school » de 5 permits surgis derrière ma mouche. Ils décident subitement, sans raison apparente, de faire demi-tour ! J’espère alors qu’ils n’ont pas senti ma présence… Je me recule, sort de la zone où je les ai vu et attends un peu…
A la vitesse à laquelle ils détalent, soit ils ont un gros barracuda à leur trousse, soit ils sont en pleine chasse … ?! Dans tous les cas, je sais que je n’ai pas le temps de changer de mouche, il faut que celle-ci soit la bonne car ils risquent de réapparaitre d’une seconde à l’autre!
Je les repère à nouveau. Ils sont excités et nagent vite. Je lance à nouveau, les 5 arrivent à fond derrière ma mouche, l’un d’eux s’en saisie tout prêt de moi. Je ferre précipitamment à courte distance, un peu à la canne, un peu à la soie (pas terrible…) je décroche celui-ci, mince !!! Deux d’entres eux réapparaissent subitement, il y a intérêt d’être réactif, c’est moi qui vous le dit, l’action ne dure que quelques brèves secondes ! Les 3 plus gros ont déjà pris la fuite ! Pas étonnant car le permit est une espèce dont « l’éducation » est extrêmement rapide.
Ma mouche se fait alors éjecter dans les airs, et dans le même mouvement, je la repose immédiatement, je strippe et voici une nouvelle touche ! Cette fois-ci bien ferrée ! C’est parti …! Il nage tout de suite en direction des coraux, comme les permits savent si bien le faire dans ce genre d’environnement. D’ailleurs, j’ai malheureusement perdu plusieurs gros spécimens de cette manière auparavant. Mais je sens que je progresse malgré tout à chaque fois que j’en attaque à vue.
Là, tout se passe bien car ce poisson reste de taille modeste et mon expérience, entre autres, sur les gros bonefish me permet de maitriser celui-ci sans aucun problème. Ceci dit, un permit reste un permit et l’adrénaline est bien là ! Je fini le combat alors qu’un ami me voit attelé, super, il tombe à pic, je vais pouvoir me faire aider pour les photos !
Je rends la liberté à ce petit Graal qui me fait tant rêver, je suis sur un petit nuage !
Je vérifie comme il se doit mon matériel et on enchaine. Je me repositionne sur le flat, je suis prêt, j’ai quelques mètres de soie dehors. J’aperçois très vite 3 bonefish en maraude. Je présente parfaitement mon imitation de crevette à celui le plus en avant qui est aussi, une chance pour moi, le plus gros. Il s’en saisie et un nouveau combat est engagé. « One shot », comme à l’entrainement !! Bien que souvent difficile à réaliser, c’est souvent ce qu’il faut faire avec les « gros bones », le premier lancer doit être « le » bon lancer, c’est-à-dire réaliser une attaque en peu de « faux lancers », afin qu’il ne perçoive pas l’ombre de la soie au dessus de lui, ni trop court ni trop long, ni trop à gauche, ni trop à droite ! Sans quoi la touche, dans la plupart des cas, n’aura pas lieu.
La pression monte ! Je dois être vigilant … J’empêche le poisson de partir dans les obstacles et de frotter ma ligne contre le fond parsemé d’une multitude de cailloux et coquillages saillants … Puis fini par ramener ce bonefish de belle taille ! Je suis dans un endroit particulier et prendre une photo seul reste très compliqué. En fin de combat, le poisson, toujours relié à ma ligne, récupère tranquillement sous l’eau, en me tournant autour. J’en profite pour téléphoner à mon ami, qui par chance est resté dans les environs, et me prête main forte pour la photo.
Après ces deux espèces en poche, je pense à l’opportunité qui m’est donné de réaliser le 2nd Grand Slam de ma vie … L’enjeu est alors de taille !
Il est temps de s’atteler à la 3ème et dernière espèce du Grand Slam, et non des moindres, le TARPON.
Nombreux sont les pêcheurs à réussir la prise de 2 des 3 espèces en une journée, mais en raison de facteurs plus ou moins imprévisibles, beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à bout de cet exploit.
Je sais donc que le plus dur reste à venir …
Mon ami et photographe « désigné » du jour, accepte pour l’occasion de m’accompagner. Génial, je vais pouvoir en plus peut-être partager mon émotion ?! Nous sommes en route pour tenter de réaliser ce nouveau défi qui s’offre à moi.
J’arrive au bord de l’eau et distingue assez vite quelques nageoires qui viennent caresser la surface. Des tarpons sont loin de la berge mais sont bien là! Le panier à soie est installé sur mes hanches. Je choisi en fonction des conditions apparentes, une mouche avec laquelle j’ai pris plusieurs spécimens dans ces circonstances. Je pêche l’eau en me déplaçant, je prospecte les environs et essaie de comprendre où l’attaque peut précisément se produire.
Après avoir déterminé où je serais le mieux placé pour provoquer cette rencontre. Je m’offre le luxe d’une pierre plate comme promontoire et j’ai suffisamment de place derrière moi pour me permettre de lancer à longue distance. Je commence également à anticiper où je pourrais l’attraper en fin de combat. Avec ces forces de la nature, mieux vaut prévoir la suite…
Après avoir ratissé la zone, et observé le déplacement des poissons qui roulent en surface, je sais qu’ils ont potentiellement vu ma mouche sans que celle-ci ne les intéresse. Je décide donc d’en changer pour une autre. Celle-ci m’a été donnée par un pêcheur spécialiste de la pêche du tarpon à la mouche. Alors, j’y crois dur ! Je reprends mes lancers, au bout de 30 minutes supplémentaires, en fin de trajet, je perçois à une dizaine de mètres de moi, en profondeur, une grosse masse argentée suivre ma mouche. Je sais que c’est un tarpon, j’arrive même à estimer sa taille qui doit avoisiner les 1 mètre 50. J’insiste encore un peu avec celle-ci mais sans succès !
Il est temps de changer pour une 3èmemouche. Je choisi cette fois-ci une mouche de ma création. L’une de mes favorites ! Voici maintenant une bonne heure que je cherche à obtenir cette fameuse touche quand soudain, je me fais littéralement arracher la soie des mains !!! Je tiens fermement celle-ci et dans la même seconde, je ferre de toutes mes forces en tirant dans le sens inverse ! Un ferrage parfaitement réussi ! Là il y a « Yuko » pour Gavin, comme on dit en judo ! Enfin, bon, ne faisons pas trop le malin, les combats avec « le roi d’argent » sont toujours incertains ! J’en sais quelque chose … comme lors d’une sortie où suite à un combat de 3 heures de temps, celui-ci s’est soldé par une décroche presque dans mes mains ! Ce genre d’anecdote force à rester humble et aussi à rester très concentré du début à la fin…!
Le poisson saute une 1ère fois à courte distance, il semble faire une bonne vingtaine de kilos et environ 1 mètre 30. Parfait pour réaliser un combat sans trop de difficulté et est légèrement plus gros que celui d’il y a 2 ans ! Il ne faut pas le perdre celui-ci, il n’y aura peut-être pas de seconde chance ?!
Il me faut me déplacer sur les rochers afin que le fil ne frotte à aucun moment. Le poisson fera encore quelques chandelles puis décide de prendre le large. Cela m’arrange car dans ces conditions il pourra se fatiguer loin des obstacles. A force d’expérience, je gère le combat sans trop de difficulté et au bout d’à peine 25 minutes, le tarpon se fatigue. Il faut garder l’attention jusqu’à la dernière seconde ! Je franchis un dernier obstacle, et arrive enfin sur un fond sableux peu profond où je peux entrer dans l’eau pour le saisir enfin par la gueule ! Hippon, K.O. … !
Une sensation de bien être m’envahis… Avec mon ami nous nous tombons dans les bras… Ça y est, c’est fait ! Je viens de réaliser mon 2ème Grand Slam !!
Après seulement 10 années de vie et de pêche sous les tropiques, ici même en Guadeloupe !
Vous aussi, donnez à chaque jour la chance de devenir le plus beau jour de votre vie…
A dan dot soley !
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